On lui avait déjà dit que ses personnages étaient des coquilles vides.
Des paquets d’os et de chair avec des échos jusque dans les oreilles. On lui avait dit qu’il ne mettait jamais ses tripes sur la table.
Tout sent rien.
Adrien inspire et l’air ne sent même pas l’absence. L’art ne sent pas le brouillard, l’air ne sent pas le silence.
Tout goûte rien.
Adrien est installé devant le meilleur repas de sa vie. Un vin hors de prix dans une coupe de crystal à sa gauche. Adrien a tout dévoré, sa langue ne pique d’aucune saveur.
Son scénario déborde. Des pages et des pages d’images et d’obsessions et de paroles et de secrets et d’histoires et de muscles et de sang et d’organes et de firmaments.
Ils lui ont enlevé le goût et l’odorat. Mais ce que sa tête vient de créer a mille saveurs, et autant de parfums.
Adrien a enfin laissé de côté le reste du monde pour créer quelque chose de ses doigts.