C’est le moment de nettoyer les fiches bibliographiques.
Elles sont toutes collées ensembles, poussiéreuses, personne n’a fait attention, pas mal sûr qu’ils ont amené de la bouffe dans les archives.
J’ai fini par tout recopier à la main, sinon j’aurais eu du mal à ne pas vomir sur ce beau gros mess dégueulasse. Aucun respect pour le travail des autres. Aucune attention pour ce qui est précieux, pour ce qui doit être traité comme tel.
Les crottés.
Des cartons et des cartons à refaire, avec les codes et les noms et les titres et les pages et les numéros et les modules et les ISBN.
J’ai le poignet en feu, la paume tachée par tout le bleu et le noir des stylos que j’ai vidés les uns après les autres. Des centaines de cartons. Sûrement un peu plus.
J’aurais pu continuer pendant des heures. Le calme des archives me fait tellement de bien. Plate, beige, silencieux : confortablement parfait. Rien ne se passe ici, on vit dans du coton.
C’est juste qu’à force de gratter l’arrière de ma nuque, j’ai fini par avoir du sang sous les ongles. Du vieux sang séché, coagulé.
Et ça, ça, ça m’écoeure.