Je lui ai dit que je l’aime quatre fois dans la dernière heure. Juste une fois avec les mots. Les autres, c’était avec toutes les parties de mon corps qui m’appartiennent.
Même celles qui se sont brochées aux anciennes au point où elles les ont remplacés
Mes pattes. Qui chatouillent sa chair, qui lui donnent les frissons que je n’ai jamais réussi à lui provoquer dans les allées de la bibliothèque.
Ma langue. Baveuse, collante, piquante, aux papilles infinies. Qui traite ses rognures comme si elles étaient le meilleur caviar.
Mes milliers d’yeux. Je vois tout d’elle, chaque particule. Les pores comme des défauts qu’elle n’a jamais refusés parce qu’elle ne sait même pas qu’ils existent.
Mes membranes. Sensibles, tellement, quand elle se redresse. Qu’elle mange. Qu’elle dort, qu’elle saigne, qu’elle ne fait que respirer. Tout est obsédée d’elle.
Elle m’appartient. Toute entière.
Elle est ma flaque, ma reine, mon miel, mon poison, la mienne.