Une semaine encore à tenir.
Et ils sont persuadés d’être les seuls encore vivants sur l’île.
Catherine est entourée des pages qu’elle a arrachées. Des mots qu’elle déteste. Des phrases qu’elle trouve fausses, qui lui piquent les yeux, elle se sentait si fière et si brillante en les écrivant et leur a vomi dessus la seconde d’après. Elle cringe. Écrivaine de fond d’évier. Personne ne voudra lire ses textes si elle-même se fait chier à les écrire.
Mathieu a pissé sur sa toile. Elle gondole sous son urine jaune verge d’or qui glisse aux extrémités en petites gouttes contrôlées du chevalet jusqu’au sol. Les fenêtres de sa chambre sont ouvertes, seul passage vers l’extérieur qu’il a constaté maintenant que la porte de sa villa est verrouillée depuis plus de 48h.
Vanessa a défoncé son piano avec une lampe. Elle a aussi défoncé son mur avec la même lampe, avant de laisser les éclats mourir au sol pendant qu’elle finissait le travail en donnant des coups de poing sur la charpente. Ses jointures sont en sang, ses mains tremblent, elle ne sent rien et contemple l’idée de sauter par la fenêtre pour en finir une bonne fois pour toute.
Adrien est assis sur le rebord de sa fenêtre. Il laisse ses jambes se balancer dans le vide, son regard dériver vers l’horizon. Peut-être qu’il cherchait trop loin finalement, peut-être que le film qu’il veut tellement réaliser est à l’intérieur de lui et pas ailleurs. Pas dans les inspirations qu’il tente d’aller chercher partout, pas dans les gens qui seraient de si bons personnages, pas dans les classes qu’il voudrait suivre pour être meilleur dans tout ce qu’il se juge si mauvais.