Elles ont oublié leur Polaroid sous le lit de mes parents.
Des photos de Phil pendu, des photos de Jee décapité dans son sang. Oli bleu, immobile, les yeux exorbités. Cath et sa gorge éventrée, ses vêtements déchirés.
Les muses de Justine et de Vanessa sont vivantes entre mes mains. Immortalisées dans leur mort. Elles pourraient devenir des vernissages, tartiner les murs des galeries d’art de la ville avec leurs photographies.
Je ne suis qu’une paire d’yeux qui n’a plus besoin de se cacher ou d’inventer des histoires de peur qu’on décore mes poignets avec des menottes de paillettes et d’épines.
Leur crime a remplacé le mien. J’ai tout ce dont j’ai besoin pour les jeter aux pieds des policiers et rétablir la justice. Sauver l’honneur d’Oli. Il danse dans ma tête, avec l’inconnu.
Deux semaines, à être colocataire avec elles. Leur ombre. Justine pleure des larmes comme des poèmes. Vanessa écrit des romans immobiles.
Elles ignorent que je suis là. Toutes les secondes, depuis le corps d’Oli assassiné sur le lit en-dessous duquel j’étais cachée. Mon oncle m’avait toujours dit que c’était l’endroit le plus sécuritaire de tout le chalet. Loin des monstres. Antoine n’aurait jamais pu m’y trouver. Je l’ai tellement aimé.
Elles deviennent de beaux croquis, quand elles vivent en ignorant que moi aussi. Des pages et des pages dédiées rien qu’à elles, dans mes cahiers.
Le prêtre finit son sermon. Elles sont à quelques centimètres devant moi. Je me penche à leur oreille, mon souffle est chaud. Je vois la chair de poule apparaître contre leurs nuques. Des chansons de chair.
Quand elles tournent la tête, je suis déjà loin.
Pas aujourd’hui.
J’ai encore des toiles de leurs visages de meurtrières à terminer.
MERCI MERCI MERCI MERCI DE M’AVOIR SUIVIE AVEC MES FOLIES CE MOIS-CI!
YESSSSSSSSSS